Du succès en bouteille, en brassant de bonnes affaires

Vous avez atteint ce point d’équilibre parfait et votre bière est bonne à souhait. Les ventes sont en hausse, mais vous arrivez à la limite de votre capacité de production. Vous savez que la croissance est une bonne chose, mais vous pressentez qu’elle doit être gérée de main de maitre, dans les limites des contraintes financières et opérationnelles de l’entreprise, et que vous ne pouvez pas continuer sur cette lancée sans rien faire. Avant d’entrer dans la cour des grands, vous devez peser le pour et le contre des différentes options de financement offertes aux brasseries, vous familiariser avec les différentes structures fiscales et connaitre les crédits d’impôt auxquels l’entreprise pourrait être admissible.

Faites mousser les capitaux

Presque invariablement, les entreprises en démarrage dépendent des économies personnelles de leur propriétaire ou d’investissements de membres la famille et d’amis — du moins au début. Toutefois, à mesure que le projet grossit, prend de la valeur et, plus important encore, commence à générer des recettes, les options de financement se multiplient.

Il est évidemment très important d’évaluer soigneusement les avantages et inconvénients de chaque option. La liste sommaire ci-après en donne une bonne idée.

L’investissement providentiel

Si l’entreprise n’est pas en position d’obtenir un financement d’importance, les investisseurs providentiels pourraient être une bonne source de capital. Il arrive même qu’ils mettent leur expertise opérationnelle à disposition, pour guider l’entreprise dans sa croissance. Ces investisseurs comptent largement sur l’augmentation de la valeur de l’entreprise avec le temps pour faire de l’argent. Par conséquent, ils ne s’attendent pas à être remboursés de manière structurée.

Il faut savoir, cependant, que la plupart des investisseurs providentiels sont susceptibles d’exiger certains droits sur l’actif. Il n’est donc pas rare qu’ils exercent des pressions sur la direction pour qu’elle produise des rendements.

Le financement collectif

De récents changements dans le modèle de financement collectif permettent désormais d’en obtenir du financement par actions. Cela veut dire qu’au lieu de recevoir un incitatif, comme un accès privilégié quelconque ou un t-shirt, les investisseurs peuvent désormais se voir offrir une part de l’entreprise. Le financement collectif est un moyen très avantageux d’attirer des investisseurs. Il est d’ailleurs beaucoup plus simple et rapide d’attirer une vaste gamme d’investisseurs en faisant l’éloge de son entreprise sur un seul site de financement collectif, que de se mettre à la recherche d’investisseurs providentiels.

Il faut toutefois bien se renseigner sur les frais qu’imposent les différentes plateformes et évaluer l’impact potentiel d’un apport massif de nouveaux actionnaires, qu’ils aient droit de vote ou non.


Les crédits d’impôt, subventions et bourses du gouvernement fédéral

L’une des ressources les plus méconnues du gouvernement fédéral en matière de financement est le service Concierge. Cette passerelle donne aux petites entreprises un accès à du financement, des compétences, des installations et des débouchés à l’échelle mondiale. Toutes les entreprises ne sont pas nécessairement admissibles au financement, mais toutes profitent des conseils d’un agent dévoué qui les aide à se retrouver dans les dédales des programmes gouvernementaux. Le plus beau, dans tout cela, c’est que c’est gratuit!

Les incubateurs d’entreprises

Les incubateurs d’entreprises sont souvent associés exclusivement aux entreprises en démarrage du secteur des hautes technologies. Cependant, les incubateurs régionaux de développement économique visent aussi d’autres entreprises et offrent de nombreux services, comme des programmes de financement ainsi que des services de consultation et de ressources humaines. Ils comportent généralement de modestes frais d’adhésion.


La famille et les amis

Il ne manque pas d’adages pour nous prévenir qu’argent et famille ou amis ne font pas bon ménage. Pourtant, il arrive souvent que ces personnes représentent un accès privilégié à du capital. Les options de taux d’intérêt et de remboursement sont habituellement souples, et ces investisseurs s’attendent bien souvent à un rendement moins élevé que ce qu’espèrent les investisseurs providentiels.

Bien entendu, la dernière chose que souhaite un entrepreneur, c’est de se retrouver en cour contre un membre de sa famille. Qu’on se le dise, le risque est bien réel lorsqu’on mélange affaires et famille. Il faut donc que les attentes respectives soient sans équivoque et que tout soit consigné officiellement dès le départ. Il faut aussi mettre son pied à terre en partant : un investissement dans l’entreprise ne donne pas droit au chapitre en matière de décisions d’affaires!

L’emprunt bancaire

Les demandes de prêts bancaires traditionnels sont généralement évaluées en fonction de certains actifs, composés d’un mélange de la valeur sous-jacente de l’entreprise, du montant des leviers financiers existants et des flux de trésorerie au service de la dette. Les principaux attraits de l’emprunt bancaire sont que les intérêts sont déductibles et qu’ils n’entrainent aucune participation au capital-actions.

L’un de ses principaux inconvénients, par contre, c’est que ce type de prêt est très difficile à obtenir, à moins que l’entreprise ait déjà beaucoup de succès ou possède de solides actifs qu’elle est prête à mettre en garantie. De plus, les banques sont intrinsèquement contre le risque, ce qui veut dire qu’en cas de défaut de paiement, elles mettent tout en oeuvre pour recouvrer la somme perdue, y compris s’en prendre aux actifs personnels.


Le financement par actions

Le financement par actions est intéressant parce qu’il n’est pas nécessaire de le rembourser. C’est toutefois bien souvent la forme la plus chère de financement, car elle nécessite de céder des parts de l’entreprise. En outre, son impact augmente à mesure que l’entreprise prend de la valeur. Le financement par actions est surtout intéressant au démarrage, car l’entreprise ne génère alors aucun profit et ne serait pas en mesure de rembourser une dette.

Considérations fiscales d’une restructuration en vue de la croissance

Il n’est jamais trop tôt pour songer à la structure organisationnelle qui facilitera la croissance de sa brasserie, pour prévoir les stratégies de rachat possibles et pour envisager la transmission de l’entreprise à la prochaine génération.

L’une des étapes fondamentales en ce sens, c’est de faire en sorte que la société offre diverses catégories d’actions autorisées par les signataires. Si ce n’est pas le cas, il serait temps de modifier les statuts de l’entreprise pour ce faire, car cela facilite la planification fiscale lors d’éventuelles transactions. S’il s’agit d’une nouvelle société, un avocat et un comptable seront de bon conseil pour établir les bons types d’actions dans les statuts dès la constitution.

Les deux structures ci-après sont des plus favorables à la croissance et à la planification fiscale :

  • La société de portefeuille : L’intérêt d’une société de portefeuille détenant les actions de l’entreprise augmente à mesure que l’entreprise croît et accumule de la richesse. Ajoutons qu’il est toujours avisé de mettre une partie de la fortune de la brasserie à l’extérieur de la société, dans une société de portefeuille détenue séparément. Ainsi, la richesse s’accumule dans cette société indépendante, et la société en exploitation reste protégée, à l’abri des créanciers.
  • La fiducie familiale : Une fiducie familiale détenant les actions de l’entreprise est attrayante quand la question de sa passation aux héritiers devient d’actualité. Cela dit, ce ne l’est peut-être pas si les possibilités de répartir les revenus sont limitées et s’il n’est pas bientôt temps de songer à une stratégie de rachat. Une fiducie familiale permet la répartition des revenus entre les bénéficiaires de la fiducie. La transmission de l’entreprise à la génération suivante se trouve ainsi facilitée. Autre avantage, cela rend possible de maximiser la déduction pour gains en capital à la vente des actions admissibles.

Audits, examens et avis aux lecteurs obligatoires

Les experts-comptables produisent trois grands types de rapports : les rapports d’audit, les rapports de mission d’examen et les avis aux lecteurs.

Les exigences relatives aux audits et aux examens sont habituellement imposées par des tiers. Par exemple, un prêteur pourrait exiger l’audit ou l’examen d’une société avant de lui consentir un prêt ou pour maintenir ses facilités de crédit. Il est également fréquent que les actionnaires demandent à voir des états financiers audités et examinés.

Le rapport d’audit est généralement celui qui coute le plus cher. Un audit comporte l’inspection approfondie des documents comptables d’une société. Il sert à obtenir de l’auditeur l’assurance raisonnable que les états financiers sont exempts d’anomalies significatives. Les états financiers audités doivent être préparés selon le cadre conceptuel approprié, par exemple les Normes comptables pour les entreprises à capital fermé du Canada. Au cours d’un audit, l’auditeur pourrait notamment inspecter des documents, demander des informations à la direction et s’entretenir avec elle, obtenir des confirmations de tierces parties, et faire des observations et des analyses.

Le rapport d’une mission d’examen coute généralement moins cher que celui d’un audit. L’objectif de la mission d’examen consiste à établir la plausibilité des états financiers. Ces derniers doivent eux aussi être préparés selon le cadre conceptuel approprié. Pendant une mission d’examen, l’auditeur pourrait, par exemple, demander des informations, s’entretenir avec la direction et faire des analyses.

L’avis au lecteur, ou rapport de mission de compilation, est le moins cher des trois rapports. Dans l’avis au lecteur, l’auditeur ne donne pas l’assurance que les états financiers sont exempts d’anomalies significatives. Il produit simplement l’information fournie par l’entreprise sous forme d’états financiers. Les lecteurs y sont avisés que l’information pourrait ne pas convenir à leurs besoins.

La tenue des comptes

Pour qu’une mission d’audit, d’examen ou de compilation se fasse selon l’échéancier et le budget prévu, il est indispensable que les comptes soient impeccablement tenus. Si les procédures de tenue des registres et des comptes sont inappropriées, la clôture de l’exercice causera du stress. Engager un commis comptable d’expérience permet d’éviter pareille situation et libère le propriétaire afin qu’il puisse se concentrer sur ce à quoi il excelle : exploiter son entreprise.

Un bon comptable doit faire preuve de diligence avec la facturation, la saisie des factures, le suivi de l’inventaire et le rapprochement du relevé bancaire et des cartes de crédit, et s’acquitter de ces tâches avec régularité. Si l’entreprise prend beaucoup d’ampleur, il est alors judicieux de faire appel à un contrôleur, pour aider avec la tenue des comptes, et même à un directeur financier à contrat ou à temps plein, pour superviser l’équipe de comptabilité générale.

Assurer le suivi d’une brasserie n’est pas une mince affaire, car il y a beaucoup de mouvement. Il faut prendre en considération matériel, matières premières et étapes de fabrication. Chaque année (ou plus souvent, quand c’est possible), il faut dénombrer les stocks pour savoir si les états financiers reflètent avec exactitude les stocks en mains. D’ailleurs, s’il faut produire des états financiers audités ou examinés, le dénombrement des stocks est obligatoire. Il existe des logiciels conçus spécialement pour l’inventaire des brasseries, qu’il est recommandé d’intégrer au logiciel comptable existant.

Activités de RS&DE dans le secteur brassicole

Au Canada, l’un des crédits d’impôt les mieux connus est le programme de recherche scientifique et de développement expérimental (RS&DE). Cette mesure incitative est offerte par les deux ordres de gouvernement, fédéral et provincial. Il procure des crédits d’impôt remboursables aux entreprises qui participent directement à des activités de recherche scientifique et de développement expérimental, activités qui sont fondamentales pour toutes les brasseries. Une brasserie admissible pourrait ainsi réclamer des crédits d’impôt remboursables en plus de ses déductions habituelles. Si le projet est admissible, les crédits d’impôt remboursables pourraient être aussi élevés que 65 % des salaires admissibles et 43 % des autres couts admissibles, y compris les honoraires d’entrepreneurs, le matériel et les couts indirects.

Parce qu’elles sont en perpétuelle évolution par nature, les brasseries artisanales sont des candidates parfaites aux crédits d’impôt pour RS&DE. Qu’il s’agisse de microajustements à leurs recettes, de l’élaboration de nouvelles pratiques ou de l’introduction d’ingrédients étonnants, elles sont l’exemple par excellence de l’innovation dans tout ce qu’elles font. Le programme de RS&DE existe précisément pour de telles entreprises. Le spectre des activités de RS&DE admissibles est vaste et comprend notamment :

  • l’élaboration de bières novatrices avec des ingrédients locaux ou inusités;
  • l’amélioration des paramètres de stabilité (au moyen, par exemple, du vieillissement en fût, de la filtration, de l’embouteillage ou de la mise en baril à bière);
  • l’essai de différentes cultures de levures;
  • la réduction de l’impact environnemental en modifiant les procédés.

Le programme de RS&DE est offert à toutes les brasseries canadiennes qui s’engagent dans des activités admissibles au Canada.

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